Biographie

“ Was kümmert’s dich, wer ich bin ?… ”


Soprano, née à Pontewynydd. (pays de Galles), elle obtient à la fin des années 50 une bourse pour étudier pendant quatre ans au Royal College of Music de Londres où elle remporte tous les prix. Elle poursuit ses études à l'Académie Chigiana à Sienne, à l’International Opernstudio de Zurich puis auprès de Maria Carpi à Genève.
Durant la saison 1962‑63, elle débute à l'Opéra de Zürich comme mezzo‑soprano (Annina dans Der Rosenkavalier, Magdalena dans Die Meistersinger, Orfeo, une Carmen, …). Elle entretiendra tout au long de sa carrière avec ce théâtre des relations tellement privilégiées qu’elle acceptera un soir de novembre 1985 de chanter les deux rôles principaux dans Die Frau ohne Schatten en remplacement d’une de ses collègues défaillantes évitant ainsi l’annulation du spectacle. Un défi sans précédent !

On comprend très vite qu'elle possède une merveilleuse voix de soprano. Elle chante à Zurich en 1963 le rôle d’Amélia dans Un ballo in maschera . En 1964, elle se produit pour la première fois à Covent Garden dans Fidelio puis quelques jours après elle remplace au pied levé Leontyne Price dans Il Trovatore sous la direction de Giulini. L’année suivante, elle s'impose en chantant Cavalleria Rusticana ainsi que Sieglinde (La Walkyrie) sous la direction de Solti. A Londres, elle chante encore Fidelio, Senta (Le Vaisseau fan­tôme) et Elisabeth (Don Carlos). Elle chantera régulièrement en Angleterre (Cavalleria Rusticana, Donna Anna, Tosca avec Placido Domingo, Salomé, Brunnhilde, Isolde avec Jon Vickers en 1982, Turandot à partir de 1984 dans une production inspirée du Nô et du Kabuki 

d’Andrei Serban également donnée à Los Angeles avec Placido Domingo, Die Frau ohne Schatten, La Fanciulla del West en 1994, Erwartung en 1989, Aida en 1968 et en 1976,…)

Elle est invitée à Genève en 1966 (Otello avec Tito Gobbi), .à Rome (Aida avec Fiorenza Cossotto, …) et à Dallas en 1966 où elle interprète avec un vif succès le rôle de Lady Macbeth dans Macbeth de Verdi. C'est cette l'année là où elle se classe parmi les grandes cantatrices internationales : elle chante dans les opéras de Vienne, Munich, Berlin, et pour la première fois à Bayreuth, où son apparition comme Sieglinde est une véritable révélation. Elle chantera à Bayreuth pratiquement chaque année Eva (1968), Kundry et Senta (1969 et 1970), Sieglinde (1970), Elisabeth et Vénus (1972) ; elle sera surtout l'exceptionnelle Brünnhilde (Tétra­logie) du centenaire, mise en scène par Chéreau et dirigée par Boulez. 


Elle reviendra à nouveau à Bayreuth en 1982 pour sauver un spectacle du Fliegende Höllander dans le rôle de Senta à la suite de la défaillance d’une de ses collègues.
Elle chantera pour la première fois à la Scala en avril 1966 (Il Trovatore) puis Salomé en février 1974, Turandot en octobre 1989.


En 1967, elle chante à New York la Symphonie n° 8 de Mahler sous la direction de Bernstein et avec l'American Opera Society, le rôle‑titre de Medée. Elle débutera une longue et merveilleuse carrière au Metropolitan Opéra de New York interprétant un nombre de rôles importants dont Salomé et Isolde en 1981,



Turandot à diverses reprises, Parsifal en 1995 avec Placido Domingo, Der Rosenkavalier, Fidelio, Brunnhilde; rôle dans lequel elle obtient un véritable triomphe en 1993.

En France, elle se produira dans Il Trovatore, Brunnhilde, le Couronnement de Poppée, Die Frau ohne Schatten, Tosca, Isolde, Elektra, Ortrud (Opéra de Paris), dans Turandot pour une unique représentation à Bercy, dans La Voix Humaine de Poulenc en mai 1989 (au Chatelet) où elle chante pour la première fois un opéra en français dans son intégralité pour remercier son public français fidèle (un film SerbanKokkos sera réalisé dans la foulée), dans Hansel und Gretel toujours au Chatelet, à Marseille dans Fidelio, Salomé avec Leonie Rysanek et Jean Philippe Lafont et Die Frau ohne Schatten avec Anna Tomowa Sintow,
 

 à Orange dans Fidelio (en juillet 1989), dans Elektra  avec Leonie Rysanek, James King, Simon Estes et Elisabeth Connell

















et en 1994 malgré une météorologie peu propice dans Tosca avec Giuseppe Giacomini et José van Dam.



En Allemagne, elle se produira dans les plus grands théâtres d’opéras : Hambourg (Un ballo in maschera et Don Carlo avec Placido Domingo, Macbeth, début dans le rôle de Salomé avec Dietrich Fischer Dieskau et Karl Böhm, Madama Butterfly, Die Frau ohne Schatten…), Munich (Salomé avec Modl ou Varnay, Madama Butterfly, début dans Ariadne auf Naxos en 1977, Cavalleria Rusticana, Otello, Die Wälkure avec Hildegard Behrens en Sieglinde, Der Rosenkavalier dans une légendaire production sous la direction de Carlos Kleiber avec Lucia Popp et Brigitte Fassbaender, Die Aegyptische Helena, Die Frau ohne Schatten avec Cheryl Studer et Brigitte Fassbaender pour le festival Strauss de 1989, Elektra,…) Cologne (en 1979, début dans Die Frau ohne Schatten, en 1983 début dans le rôle titre d’Elektra qu’elle interprètera pendant 15 ans dans le monde entier avec un succès phénoménal : Munich, Berlin, Vienne, Met, Paris, Londres, Nice, Genève, San Francisco, Bruxelles, …), Berlin ( Die Lustige Witwe avec René Kollo, Tannhauser,Isolde, Elektra, Brunnhilde, Turandot, Tosca,…).

Vienne reste l’un de ses principaux ports d’attache. Elle y interprètera tous ses plus grands rôles (Il Trovatore, Don Carlo, Die Aegyptische Helena, Otello, Donna Anna, Elektra –Chrysothémis avec Birgit Nilsson notamment et Elektra -, Fidelio en 1970 avec Bernstein, King, Popp…, Die Frau Ohne Schatten, Salomé avec Bohm, Der RosenkavalierOctavian et Die Marschallin -, Aida avec Christa Ludwig, Tosca avec Neil Shicoff, Isolde, Ortrud, Kundry, Tannhauser…). Son succès est tel qu’elle recevra la distinction rarissime de membre d’honneur de l’Opéra de Vienne.

 





A Dresde, elle aborde en 1996 le rôle de Kostelnicka dans l’opéra Jenufa de Leos Janacek dans une production réellement impressionnante de Harry Kupfer






 
Elle aborde également sa première et unique Norma en 1996 au festival de Solothurn, rôle qu’elle révait de chanter depuis des années.


 

Ses dernières années elle chante dans Mahagonny de Kurt Weill à Salzbourg, Katia Kabanova –rôle de Kabanicha-(Catane), Salomé -rôle d’Herodias- (Valencia et Pittsburgh), dans les Pirates de Pendanze (Volskoper Vienne). Elle a du chanter à Monte Carlo dans le Tour d’Ecrou de Britten.Elle a interprété son 4ème rôle dans Elektra en chantant Clytemnestre au Japon.




Tout au long de sa carrière, elle donne à travers le monde un nombre important de concerts dans lesquels elle aborde un vaste répertoire de cycles, de messes et de mélodies (Berlioz La mort de Cléopatre, Strauss Vier letzte lieder, Zemlinsky Maeterlink Lieder, Beethoven Ah perfido Symphonie n°9, Mozart airs de concert, Schumann Frauenliebe und leben, Wagner Wesendonck Lieder, Sibelius Luonnotar, Verdi Requiem, Britten War Requiem, Malher Knabenwunderhorn, Symphonie n°8, Erwartung à Montpellier, à Zurich et à Londres, Berg Sieben frühe lieder, …) ainsi que certains airs d’opéras inattendus (Arabella et l’Impératrice, Gianni Schicchi, La Wally, Die Fledermaus, La Forza del Destino, Giuditta…)
En récital, elle aborde Malher, Wagner, Strauss, Britten, Pfitzner, Berg, Sibelius, Duparc, Schubert, Brahms, Schumann, Rossini (duo des chats avec Susanne sa fille également cantatrice) … dans les plus grands théâtres du monde entier mais aussi dans des lieux insolites ( Festival du Comminges en France, Hemley on Thames) où elle fait preuve d’un grand respect et d’une générosité débordante envers son public.

En hommage à une grande cantatrice Malvina Schnorr von Carosfeld, elle composera un récital (O Malvina) extrêmement original sur la vie de cette chanteuse courageuse qui a cotoyé Wagner (en français avec Eve Ruggieri à Marseille, en alllemand avec Klaus Geitel à Berlin, Hannovre, Paris, Dresde etc…). Elle participera également à un récital en duo avec Jochen Kowalski intitulé O Fortuna.


Elle a reçu un nombre conséquent de distinctions (Docteur H.C., Kammersângerin en 1978 Vienne, Légion d’honneur, Prix Shakespeare 1987, Croix de Mérite Fédérale, membre d’honneur de l’Opéra de Vienne, Présidente de la Richard Wagner Society ) et a été anoblie par la reine d’Angleterre en 1986.


Sa discographie, qui comprend une vingtaine d’intégrales d’opéras, ne peut remplacer son extraordinaire impact scénique et vocal. Elle fait partie de ces chanteuses qui, comme Callas ou Rysanek, sont de véritables torches vivantes en scène. Il est regrettable et même surprenant que ses interprétations majeures (Elektra !) n’aient pas été officiellement filmées ou enregistrées sur le vif. Courage donc aux collectionneurs avisés qui recherchent les témoignages sonores ou visuels de cette superbe cantatrice qui circulent dans le monde entier. Un temps viendra où ces documents seront inscrits, comme cela a été le cas pour Maria Callas,  au catalogue officiel de maisons de disques.



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